Et pourquoi pas : Faire une belle rencontre ?

Le déversoir… à 2 minutes de la cale. Je pourrais y passer des heures, et c’est ce que je fais régulièrement. Il s’y passe toujours quelque chose. Assise sur les rochers, j’observe la mer, les skuas, les sternes, les éléphants de mer, et les otaries. Surtout les otaries! En cette période de naissance, il y a une crèche juste à côté de là où je m’installe pour les observer. C’est bruyant et pourtant on s’y sent au calme, seule entourée de la nature. Il n’y a qu’à profiter du spectacle : la protection du harem par les mâles, une otarie qui se réchauffe au soleil après une baignade, une femelle qui allaite son petit, un pup qui bêle, des otaries de tous les âges qui dorment dans des endroits plus incongrus les uns que les autres, de tendres moments familiaux, la première baignade d’un pup dans l’eau piégée entre les rochers… Tant de petites choses attendrissantes. Ce sont dans ces moments, où je passe mon temps à observer, ceux où je me pose et où je laisse mes pensées vagabonder, que je me rends compte de la chance que j’ai d’être là. Peu importe le jour de la semaine, ou l’heure, si je le souhaite il me suffit de descendre là, pour aller les admirer. Je n’interviens pas, je ne les touche pas, je suis juste là, souvent avec l’appareil photos pour immortaliser ces instants qui font de l’hivernage une expérience hors du commun.

Et aujourd’hui, je vous propose une sélection des meilleurs moments et le dernier tout particulièrement cher à mon cœur.

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Aussi étrange soit-il, l’une des premières choses que les hivernants d’Amsterdam se mettent à faire en présence des otaries, c’est de les imiter. Je rigole souvent en pensant qu’au cours de leur évolution, elles n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur leur cri. Alors, elles ont décidé d’imiter d’autres animaux, tantôt un chien (Huf Huf Huf), tantôt un jeune mouton, ou bien un loup. Bref, des cris, elles en poussent de nombreuses sortes, et dès que l’on arrive sur AMS, on les imite. Si on le fait en présence de certains mâles, on peut même avoir le plaisir de les voir nous répondre. Leurs cris leur servent à se reconnaître entre elles. Par exemple un petit, qui cherche sa maman, va bêler et elle va lui répondre, ils vont continuer à communiquer ainsi, en se rapprochant l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’il y ait contact.

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Une après-midi, accompagnée de Cyprien (responsable de la Coop), je me suis installée au déversoir pour prendre des photos, comme je le fais régulièrement. Ça faisait bien 2 h que l’on était assis sur les rochers à s’attendrir du spectacle de ses jeunes Pups qui vaquaient à leurs occupations. Quand soudain, un petit Pup à la recherche de sa maman décida de passer par notre rocher ; ne voulant pas l’effrayer nous n’avons pas bougé. Il s’est arrêté à côté de nous, tout en continuant d’appeler, visiblement sa mère n’était pas dans les parages. Elle devait sûrement être en mer, pour se nourrir, avant de revenir allaiter le petit. Au bout de dix minutes, il n’avait toujours pas bougé et restait à quelques centimètres de nous, toujours en bêlant. J’ai fini par lui répondre et là, alors qu’ils nous ignorent habituellement, celui-ci s’est rapproché de moi, je devais avoir un timbre de voix proche de celui de sa mère.  Il m’a répondu et s’est encore avancé, il était collé à mes genoux, je ne bougeais, pas assise jambes tendues, l’appareil photos en bandoulière, je restais parfaitement immobile pour ne pas lui faire peur. Cherchant d’où était venu le cri, il a finalement décidé de prendre de la hauteur, à ses yeux le seul caillou à proximité c’était mes genoux, il a donc escaladé mes jambes et a guetté en bêlant pour voir si sa maman était aux alentours. Il a dû me trouver confortable, car il est resté ainsi un moment, avant de finalement redescendre pour s’asseoir de l’autre côté. Cyprien était plié de rire et moi je n’osais pas bouger de peur de l’effaroucher et de briser cet instant magique. Ces petites palmures toutes chaudes sur mon pantalon, son museau à quelques centimètres de mon appareil photos, c’est une expérience dingue, un moment unique et inoubliable, je m’en souviendrai toute ma vie et ça restera sans conteste l’un de mes meilleurs moments de l’hivernage.Photo 21Maintenant Cyp m’appelle « Maman Pups »

2 réflexions sur “Et pourquoi pas : Faire une belle rencontre ?

  1. Venturini

    Merci, Gwendoline, merci de nous offrir une occasion de rêver, à nous, pôvres métropolitains vivant dans un monde de brutes ! Pour avoir eu le grand bonheur de passer deux fois par Amsterdam lors de rotations du Marion Dufresne, j’ai moi aussi comme un très grand faible pour les pups, pour leurs « cris » (je n’ose pas dire qu’ils parlent, mais…) qui savent si bien traduire ce qu’ils ont à faire savoir… Merci pour les photos (sublimes !), pour les textes (précis et si clairs qu’on se sent presque amstellodamien à les lire), pour ce « parfum d’Ams » qui arrive jusqu’à nos narines. Surtout ne pas s’arrêter de nous faire partager ce petit coin de paradis…

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