Et Pourquoi Pas : Passer 6 jours à Del Cano ?

Accrochez-vous car cette manip fut forte en émotions.

26 Km de transit avec plus de 16 Kg sur le dos, des manips tous les jours, des explorations incroyables, des couchers de Soleil à couper le souffle, une bonne surprise, des oiseaux à ne plus savoir où regarder, de longs moments de contemplation, une nuit dans la tempête, la perte de matériel, 7 h de sommeil sur les 3 derniers jours, un retour sur les rotules… Allez, je suis sûre que vous voulez en savoir plus … Alors c’est parti !

Après être allée à Entrecasteaux au mois de janvier, il me restait un site éloigné de la base sur lequel je ne m’étais pas rendue : Del Cano et ses terres rouges. Mais un jour, Maxime est venu me voir pour me proposer une semaine complète là-bas, pour une CMR souris (Capture Marquage Recapture). Ni une ni deux, j’étais partante. Cyprien est venu s’ajouter à notre duo, nous étions sur-motivés. Nous devions partir du 4 au 10 février mais voilà, deux tempêtes cycloniques devaient passer près d’AMS. Notre fiche de manip fut donc refusée car d’après les signataires, les conditions météorologiques pourraient être dangereuses, pour trois personnes dans une cabane en bois, à 14 Km à pieds des premiers humains. Un peu déçus et rongeant notre frein, nous avons repoussé la manip d’une semaine. Nous devions donc partir du 11 au 17 février. Les deux tempêtes sont finalement passées de chaque côté d’AMS, à plusieurs kilomètres en mer.

Le 10 février, nous nous sommes retrouvés pour préparer les sacs, nous devions emporter 72 pièges à souris, en plus de nos affaires personnelles, pour une semaine. Les sacs s’annonçaient lourds. Nous avons équitablement réparti la charge en l’optimisant au maximum (un tube de dentifrice pour trois et non pas un chacun, …). Malgré cela, mon sac une fois terminé pesait 17 Kg. Je ne savais même pas si je pourrais porter aussi lourd sur une aussi longue distance, mais peu m’importait le temps que je mettrais, je ne voulais pas rater ça. Alors le 11 à 6 h nous avons fait la com et nous nous sommes mis en route.

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Comme je m’y attendais, j’en ai bavé. Alors que d’ordinaire ce sont plutôt les jambes qui traînent après quelques heures de marche, là le poids du sac me ralentissait et me faisait souffrir du dos et des épaules. Les garçons ont été tolérants et m’ont attendue, me laissant faire des haltes lorsque c’était nécessaire. Cyprien ne m’a pas quittée et fut un soutien moral inébranlable. Le trajet de Del Cano est surtout connu pour son champ de scirpes. Ces herbes hautes, dures, glissantes, piquantes et difficiles à franchir. Pour éviter les complications, il revient au chef de manip de trouver le chemin qui présentera le moins de difficultés au milieu de ce labyrinthe de scirpes. Maxime a pris son rôle très au sérieux et on s’est mis d’accord pour qu’au sommet de chaque colline, on fasse une pause pendant qu’il identifiait, de ce point haut, le chemin le plus adéquat à suivre. Ça a fonctionné, et même très bien, en effet nous avons beaucoup zigzagué mais nous n’avons pas eu à escalader les scirpes. Il a trouvé le chemin le plus propice à une marche régulière. Nous avons marché en tee-shirt, le Soleil étant au rendez-vous, mais cela n’a pas été le cas tout le long du trajet. A plusieurs reprises, nous avons pris de grosses ondées qui nous ont intégralement trempés, mais nous ne nous sommes pas plus couverts pour autant. Nous nous sommes contentés de mettre des sur-sacs, pour conserver nos affaires de rechange au sec et nous avons accueilli la pluie fraîche avec plaisir. De toutes façons, quand le Soleil était là, il tapait suffisamment pour nous sécher intégralement avant la pluie suivante. Le trajet pour Del Cano est très monotone, le paysage change peu, la mer à gauche, des scirpes et des ravines à droite et une succession de collines à franchir. Nous avons mis 7 h pour parcourir les 14 Km. La cabane n’est pas visible de loin, on tombe littéralement dessus lorsque l’on franchit la dernière ravine.

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La cabane est un petit cube en bois, posé au pied d’une falaise de plusieurs centaines de mètres. Elle est située à proximité d’une ravine abrupte. Elle contient une petite gazinière et des lits superposés. Normalement on peut y dormir à trois en tirant un troisième matelas de sous le lit du bas, mais pour cela il faut déplacer la gazinière et la placer contre la porte. Dès lors plus personne ne peut sortir sans que celui au sol ne se lève et déplace le tout dans l’autre sens (ce qui n’est guère pratique si on a besoin de se lever au cours de la nuit). Nous avons donc décidé que les garçons dormiraient dans la cabane et que moi je serais en tente. A notre arrivée, nous avons commencé par prendre un repas frugal, puis avec Cyprien nous avons monté la tente.

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Vers 16 h, nous nous sommes tous mis en route vers les lieux choisis par Maxime pour ses CMR. Il avait prévu de placer 36 pièges sur une pente abrupte dans les scirpes le long d’une ravine et les autres en bord de falaise sur les terres rouges. La progression était difficile sur la première CMR, mais il lui fallait des milieux très différents pour ses études de populations de souris.

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Une fois les pièges installés, nous sommes rentrés à la cabane pour prendre un premier repas à la lueur d’une bougie. En effet, contrairement à Entrecasteaux, à Del Cano il n’y a pas de commodité (pas d’électricité, pas de cuve à eau, pas de douche solaire, pas de toilette sèche, …). On se sert donc de bougies pour s’éclairer, on trouve l’eau potable dans les ravines et on a une pelle pour le reste. Deux semaines plus tôt, un groupe était venu passer trois jours à la cabane, ils nous avaient expliqué que les ravines étaient quasiment à sec et qu’ils avaient mis une demi-heure pour remplir leurs trois gourdes. Nous nous sommes couchés en espérant avoir plus de chance qu’eux le lendemain matin. Ce fut le cas, l’eau coulait en abondance depuis le plateau des Tourbières et tout au long de notre séjour nous avons rempli les bidons de 5 L en quelques minutes.

Les nuits en tente me rappelaient mes années de scoutisme, j’étais super bien installée, l’herbe était épaisse et confortable. J’avais même pu faire rentrer le matelas de la cabane dans la tente. J’étais une vraie princesse dans son château. J’ai dormi comme un bébé. La nuit, j’étais bercée par le bruit des vagues. Le matin, j’étais réveillée par les cris des albatros fuligineux qui nichaient à une centaine de mètres au-dessus de ma tente sur le flanc de la falaise. J’avais de la place et j’étais bien au chaud dans mon duvet. Si jamais je me levais dans la nuit, j’étais accueillie par un ciel étoilé digne de celui d’Entrecasteaux, aucune pollution lumineuse, un plafond rempli d’étoiles dans lequel je pouvais reconnaître la ceinture d’Orion et la Croix du Sud. La Voie Lactée était magnifique et j’en garderai une image claire dans la tête et le cœur.

Cette semaine-là, nous nous sommes levés tous les matins à 7 h pour aller vérifier les CMR. Nous avions notre petite routine. On se levait en premier avec Cyprien et on prenait un petit déjeuner. Ensuite on commençait par la CMR du haut. Chacun avait sa ligne à faire. Lorsque l’on trouvait une souris, on attendait que Maxime finisse sa ligne et nous rejoigne pour faire la pesée, le baguage et la relâche. Ensuite nous descendions tous ensemble faire la deuxième CMR en bord de falaise. C’était la plus agréable, le paysage était splendide avec cette vue plongeante sur la mer et sur les falaises d’Entrecasteaux. Les terres rouges sont belles, elles ont cette couleur brique caractéristique des sols argileux.

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Souvent après avoir terminé, nous restions en bord de falaise à observer la mer et le ballet incessant des oiseaux qui profitaient de courants d’air ascendants. Nous pouvions aussi profiter des otaries qui jouaient dans les rouleaux et dont nous apercevions les silhouettes par transparence dans les vagues. Maxime est très observateur, un jour il nous a montré un poisson Lune qui se laissait porter par le courant.

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Les trois premiers jours, nous avons achevé les matinées en explorant les alentours, nous avons parcouru notre ravine sur toute sa longueur et nous sommes allés explorer la suivante.

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Le quatrième jour, Maxime devait récupérer des pièges photos, déposés quelques mois plus tôt sur un kilomètre cinq de long. Nous en avons profité pour pousser notre exploration jusqu’au pied du cratère Hébert. En réalité nous avions une idée derrière la tête. Lors du transit aller, nous nous souvenions tous les trois d’avoir vu une cascade à moins d’un kilomètre de l’arrivée et nous souhaitions y retourner pour nous y baigner. Seulement voilà, impossible de la retrouver. C’est quand même un comble que de perdre une cascade… Lors de notre exploration du quatrième jour, nous nous sommes pris une très grosse averse alors qu’une fois de plus nous étions en tee-shirt, nous avons été trempés jusqu’aux os le temps de rentrer à la cabane. Nous nous sommes alors réchauffés avec une bonne soupe chaude. Heureusement, la pluie n’a pas duré trop longtemps et nous avons pu faire sécher nos affaires au Soleil.

Les après-midis étaient plutôt dédiés à la sieste ou à la détente, j’avais apporté un livre et nous faisions des parties de Yam et de Camelot dans l’herbe. Le soir, nous mangions de bonne heure pour profiter de la lueur déclinante du jour. Le soir du quatrième jour, les garçons ont été voir le coucher de Soleil. Pendant ce temps-là, j’ai décidé d’aller chercher de l’eau pour la soupe du dîner (devenue traditionnelle). Alors que je m’approchais de la ravine, un bruit grandissant a attiré mon attention, c’était la cascade, elle était là, juste à côté de la cabane et notre ravine débordait d’eau.

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J’étais surexcitée à l’idée d’avoir enfin percé le mystère que l’on tentait d’élucider depuis notre arrivée. Dès le retour des garçons, je leur ai expliqué que j’avais retrouvé la cascade et je les ai conduits à notre point d’eau habituel. C’était incroyable, on avait affaire à une cascade éphémère. Elle était là juste le temps que l’eau de pluie du plateau ne s’écoule, ensuite elle disparaissait jusqu’aux prochaines intempéries. C’était la pluie torrentielle, que l’on s’était pris le matin en cherchant cette dite cascade, qui l’avait fait réapparaître. Amsterdam n’est pas connue pour ses points d’eau et pour cause, il n’y en a qu’à quelques endroits, et ils ne sont pas tous accessibles. Bien souvent, il n’y a pas assez d’eau pour faire autre chose que remplir une gourde. C’est pour cela que cette cascade était si extraordinaire à nos yeux. Nous nous sommes promis de venir nous y baigner le lendemain et nous sommes rentrés prendre l’apéro tout en jouant une partie de Camelot endiablée.

Le lendemain, la cascade avait disparu. Déçus, nous nous sommes dits qu’il nous restait encore deux jours et nous sommes retournés contempler la mer et le vol des albatros d’Amsterdam qui aiment profiter des courants ascendants du matin entre les falaises d’Entrecasteaux.

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Après les CMR, avec Cyprien, nous avons décidé de monter la colline abrupte qui surplombait la cabane pour nous rapprocher des nids d’albatros fuligineux. Equipée de mon téléobjectif, j’espérais prendre quelques beaux clichés. L’ascension était intense physiquement mais de courte durée. Arrivés sur la crête rocailleuse, nous nous sommes assis et nous avons observé ce ballet aérien que nous n’avions vu que du dessous jusqu’à présent. Grâce au téléobjectif, j’ai même pu zoomer pour voir des parents venir nourrir leur petit. Nous sommes restés là, à contempler ce spectacle majestueux et inoubliable pendant plus d’une heure et demie.

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Ce soir-là, nous sommes partis tous les trois nous installer en bord de falaise à la pointe de Del Cano avec l’apéro. Et c’est ainsi que nous avons pu observer un magnifique coucher de Soleil sur Entrecasteaux. C’était une vue absolument splendide. Le vert de la végétation et le jaune du Soleil qui se réfléchissait sur la roche, tranchaient avec le bleu de la mer et du ciel. Ce soir, les sternes volaient devant nous, avant de s’en retourner vers leurs nids, à flanc de falaise. Pendant que le Soleil déclinait à l’horizon, nous apprécions la vue extraordinaire que nous offrait ce lieu majestueux. Je me sentais toute petite, posée là entre ces falaises vertigineuses et l’immensité de l’océan.

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On était vendredi soir et ce devait être ma dernière nuit en tente. On avait décidé que le lendemain on la démonterait et que je passerais la dernière nuit dans la cabane, afin de la faire sécher avant de la ranger et d’ainsi gagner du temps le matin du départ. A 20 h, je suis donc allée me coucher. Peu de temps après m’être mise dans mon duvet, il a commencé à bien pleuvoir (c’était prévu). Vers 23 h, je ne dormais toujours pas, il y avait trop de bruit sur la toile de tente à cause de la pluie et du vent qui s’était levé (ça, ce n’était pas prévu). C’est à ce moment-là que j’ai remarqué qu’il pleuvait dans la tente. J’ai vite rangé mes affaires dans mon sac et replié mon duvet. Je suis sortie en short et tee-shirt, j’ai couru dans la tempête avec toutes mes affaires dans les bras, pour aller frapper à la porte de la cabane. Les garçons m’ont ouvert en caleçon pas très réveillés, le vent était extrêmement violent, la cabane tremblait de toute part et prenait même l’eau par les interstices. On a posé mes affaires à l’intérieur, ils ont enfilé un short et un blouson car on avait décidé d’aller démonter la tente pour qu’elle ne s’envole pas. La cabane étant toute petite, on a dû faire de la place pour accueillir le matelas qui était encore dans la tente. Pieds nus, en short et avec deux malheureuses frontales, nous sommes sortis prêts pour le démontage, mais … au moment où l’on a franchi la porte qu’il fallait retenir de toutes nos forces face aux vents tourbillonnants, on a vu la tente passer devant nous… On a eu un temps d’arrêt, tant surpris que déconcertés, mais le vent et la pluie nous ont vite rappelés à l’ordre. Il était minuit et nous étions sous la pluie avec des rafales tellement violentes que je tenais à peine sur mes pieds. Nos deux frontales n’éclairaient pas bien loin et l’on cherchait la tente en short dans les scirpes. Finalement, on a décidé qu’il était trop dangereux de poursuivre les recherches et nous sommes rentrés nous mettre à l’abri dans la cabane. Mon matelas était dans la tente, alors j’ai partagé le matelas de 70 cm de large avec Max, en quinconce, on était tous les deux en équilibre. Je n’ai pas dormi de la nuit, à 4 h 30 il a commencé à faire jour et la pluie s’est arrêtée. Il y avait toujours du vent, mais il avait baissé en intensité. Tous épuisés mais réveillés, on a décidé de lancer une expédition pour retrouver le matériel. On a cherché partout dans les ravines, on a regardé au bord des falaises, dans les scirpes tout autour de la cabane. On a retrouvé les bidons d’eau, la bâche, mais pas la tente ni le matelas. Enfin ce n’est pas tout à fait exact, on a retrouvé des arceaux cassés, les sardines et un bout déchiré de la porte de la tente. C’est un vrai miracle, mais je n’ai perdu aucune des mes affaires personnelles dans la bataille. J’avais pourtant tout avec moi (dont l’appareil photos), je suis bien contente d’être sortie à temps et de ne pas m’être trop étalée dans la tente. Nous étions épuisés et dépités. A la com du matin, nous avons dû annoncer que l’on avait perdu la tente. Par radio, nous étions conscients que l’on ne pouvait pas s’étendre sur la situation, alors on a rassuré tout le monde ; mais l’on devait s’attendre à recevoir les foudres du Gener au retour. Cependant on savait aussi que l’on avait fait de notre mieux, passer 6 jours à trois dans la cabane aurait été moins pratique. Le vent n’était pas prévu, il n’y a pas eu de blessé, on a voulu bien faire, mais on n’a pas eu de chance. Bref, sur le coup on n’a pas rigolé du tout, même si maintenant ça fait de sacrés souvenirs à raconter et que tout le monde se moque bien de nous.

Ce qui est surprenant, c’est que le temps n’est vraiment pas le même des deux côtés de l’île : à Del Cano, on a eu de la pluie, un peu, voire beaucoup, tous les jours, alors que sur base ils ont eu beau temps toute la semaine. Mais bon, à part l’incident de la tente, on ne va pas se plaindre car la pluie de cette nuit-là nous a offert une nouvelle opportunité, celle d’avoir une superbe cascade, le matin, à côté de la cabane. Comme nous étions levés à 4 h 30 du matin, nous avons fait la CMR plus tôt ce jour-là et nous nous sommes dépêchés de rentrer, pour descendre dans la ravine. Trouver un tel point d’eau n’était pas au programme avant de partir, du coup nous n’étions pas équipés pour l’occasion mais rien n’aurait pu nous arrêter. C’est en sous-vêtements que nous sommes entrés dans l’eau fraîche de la ravine. Nous avions trouvé un trou qui faisait une petite piscine dans laquelle nous tenions tous les trois. Une petite cascade la remplissait d’un côté et l’eau s’écoulait doucement de l’autre. Le Soleil s’était levé et illuminait l’eau claire, entre les parois nous étions à l’abri du vent. Ainsi protégés, nous avons passé une bonne demi-heure à nous prélasser dans l’eau froide. Après cinq jours sans vraie douche, ce bain était une vraie bénédiction. On a profité à fond de cette incroyable trouvaille, sachant que nous allions faire des envieux.

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Ce soir-là, nous sommes sortis admirer une dernière fois la voûte étoilée de Del Cano avant d’aller dormir. Dans une des touques, il y avait un karrimat. J’ai donc passé la nuit, avant le transit, par terre dans la cabane, en touchant le mur avec mes pieds et la gazinière avec ma tête. Le lendemain matin, nous nous sommes levés aux aurores et nous avons fait une dernière fois la CMR avant de tout démonter et de refaire nos sacs. Le transit retour fut plus rapide, 5 h 30 de marche. Nous avons marché de la cabane jusqu’au Chaudron sans nous arrêter. Nous avons pris la pluie pour la énième fois du séjour, mais cette fois-ci j’avais oublié de mettre mes guêtres et c’est une piscine digne de celle de la veille qu’il y avait dans mes chaussures de randonnée. Arrivés au Chaudron, on s’est posé cinq minutes pour souffler. Maxime était pressé de repartir mais la pause n’avait pas été assez longue pour soulager mes genoux. La semaine de manip, les 7 h de sommeil en trois jours et le poids du sac étaient en train de venir à bout de leur résistance. J’ai fini par exiger une pause plus longue, mais le mal était fait et j’ai fini le chemin en boitant (dommage, pour une fois que le souffle et les muscles suivaient).

Cette manip fut pleine de rebondissements. Avec le recul, toutes nos mésaventures font de supers souvenirs et avec le temps tous les souvenirs sont bons. Nous avons bien profité de cette vie hors du temps en cabane, de ces soirées jeux à la lueur des chandelles. J’ai beaucoup aimé les paysages, que ce soit le point de vue que l’on a sur les nids d’albatros fuligineux, celui que l’on a des terres rouges depuis les falaises, ou encore celui de la pointe de Del Cano. Nous avons vu de superbes couchers de Soleil, nous avons arpenté des ravines, nous avons cherché pendant quatre jours une cascade éphémère, nous avons perdu une tente et surtout nous nous sommes baignés. J’ai aimé dormir en tente et admirer la voûte étoilée. J’ai profité d’oiseaux majestueux et j’ai pu revoir Entrecasteaux (de loin certes, mais tout de même). Les terres rouges sont vraiment un lieu unique sur AMS, un incontournable dont les falaises surplombant la mer offrent une vue incroyable. Même si les transits sont longs, que les sacs sont lourds, même si parfois il fait moche, j’aime toujours autant la vie en cabane. Loin de tous, en petit comité, on vit à notre rythme et on profite de l’essentiel.

2 réflexions sur “Et Pourquoi Pas : Passer 6 jours à Del Cano ?

  1. Eh beh, quelle manip !! Tu la racontes si bien que j’ai l’impression d’y être, et j’imagine particulièrement bien la scène de la tente qui passe devant vos yeux quand vous ouvrez la porte :’) Il n’y avait pas encore la cabane, mais j’étais allée à Del Cano pour la mission où on a repéré pour la première fois la prédation des rats/souris sur les phylicas plantés là-bas.. Heureuse de voir que le programme mammintro prend de l’ampleur !
    Bisous bisous et bons derniers jours avec la 70 au complet

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